GYNÉCOLOGIE ET SANTÉ DES FEMMES
|
LA DEMANDE DE SOINS - CONTRACEPTION 1
|
Pour déterminer les besoins de soins actuels et futurs des femmes françaises, nous avons considéré de manière non exhaustive certains des états de santé spécifiques de la femme. Ces derniers ont été analysés sur un plan essentiellement quantitatif. Pour mener une réflexion sur les perspectives de prise en charge, nous avons souvent été amenés à considérer l'évolution de ces états de santé dans un passé récent. Chaque fois que cela a été possible des projections quantitatives, exprimées en actes, ont été réalisées. Les projections qualitatives ont été confiées à des experts.
Nous avons distingué des états de santé dits "physiologiques" (contraception, grossesse, ménopause, par exemple) des états de santé "pathologiques". Outre les données épidémiologiques relevées dans la littérature, nous disposons pour certains d'entre eux d'informations fournies par la base de données EPPM. Celle-ci analyse les motifs de consultation et les prescriptions d'un panel représentatif de médecins généralistes et spécialistes exerçant en ville. L'EPPM ne tient pas compte des consultations effectuées à l'hôpital.
Les données ainsi recueillies permettent de déterminer pour
chaque état de santé:
le nombre de consultations annuelles effectuées en ville,
le type de praticien consulté (gynécologue ou médecin
généraliste principalement),
le nombre et le type de prescriptions médicamenteuses,
l'âge des patientes.
Les données du panel EPPM permettent de distinguer la consultation initiale pour l'état de santé considéré et les consultations de suivi. Ainsi ce qui est dénommé première visite désigne la première consultation pour le motif considéré. Les visites de suivi sont les consultations ultérieures à la première visite.
Dans la base de données EPPM le terme "prescription" désigne
toute spécialité pharmaceutique figurant sur l'ordonnance:
une première prescription correspond à la première
prescription d'une spécialité pharmaceutique à une patiente
donnée dans l'indication considérée,
un changement de traitement est un changement de spécialité
dans une indication pour laquelle le médecin a déjà
été consulté,
un renouvellement correspond à la poursuite d'un traitement
précédemment prescrit par le médecin,
autre désigne les produits prescrits pour une indication autre
que le motif initial de consultation.
L'ESSENTIEL
* Le comportement contraceptif des Français est relativement unique.
Il repose essentiellement sur la pilule et le DIU. Avec plus de 55% des femmes
utilisant la contraception orale ou le DIU, la couverture contraceptive des
Françaises est l'une des plus importantes du monde moderne :
|
La couverture contraceptive des couples français est l'une des plus
élevées au monde. Toutefois, bien que la très grande
majorité des femmes qui ne désirent pas d'enfant utilisent
un moyen contraceptif, le nombre d'interruptions volontaires de grossesse
(IVG) reste préoccupant (autour de 220 000 par an).
L'âge du premier rapport sexuel est de 15 ans pour 20% des adolescentes
et, à 17 ans, 50% des jeunes filles ont eu des rapports. Pour 85%
d'entre elles, les femmes âgées de 20 à 24ans déclarent
avoir utilisé un moyen contraceptif lors de leur premier rapport sexuel.
Les rapports ont été protégés dans 46% des cas
seulement quand l'âge de la première relation sexuelle se situait
entre 14 et 15 ans et dans 77% des cas s'il avait eu lieu entre 18 et 19
ans. Une fois sur deux la pilule était le moyen de contraception
utilisé. Le délai moyen entre la première relation sexuelle
et la première consultation pour contraception est de 10 à
12 mois. Cette première demande de contraception s'adresse trois fois
sur quatre au gynécologue [53].
En France, plus des deux tiers des femmes en âge de procréer
utilisent une contraception réversible (tableau 6). Elle les amène
à consulter le médecin, un gynécologue le plus souvent,
environ 1,5 fois par an.
Tableau 6
|
Contrairement aux pays anglo-saxons où elle est largement pratiquée, la stérilisation tubaire à des fins contraceptives a aujourd'hui la place limitée que le législateur lui a donnée (tableau 6). Elle n'est guère plus pratiquée que lors d'un acte chirurgical effectué pour un autre motif.
Les femmes âgées entre 35 et 39 ans sont les plus nombreuses
à utiliser une méthode contraceptive (tableau 6 et figure 8).
Cela tient probablement au fait qu'à cet âge la grande
majorité d'entre elles ont réalisé leur désir
d'enfant. En effet, 11,5% des femmes âgées entre 25 et 29 ans
n'utilisent aucun moyen de contraception et désirent une grossesse.
La majorité des femmes qui n'utilisent aucune contraception ne sont
pas exposées à une grossesse non désirée. En
effet, soit elles ont subi une opération stérilisante dans
un but non ou partiellement contraceptif (3%), soit elles se savent
stériles (4%), soit elles n'ont pas de partenaire (11%), soit elles
désirent une grossesse (6%) ou sont enceintes (4,3%). Enfin, 3% des
femmes qui sont exposées à la grossesse ne désirent
pas d'enfant et n'utilisent aucun moyen contraceptif [75].
Figure 8
|
Globalement le taux de femmes utilisant une contraception a peu varié ces vingt dernières années (tableau 7). Elles étaient 67,8% à utiliser une contraception réversible en 1978 et 67,7% en 1994. Toutefois avec l'avènement de nouveaux contraceptifs efficaces et bien tolérés, les pratiques ont changé. Ainsi, l'utilisation des contraceptifs dits modernes (contraception orale et stérilet) a progressé de plus d'un tiers entre ces deux périodes alors que l'utilisation des méthodes locales et traditionnelles s'est réduite de moitié.
Tableau 7
|
La contraception orale est la méthode la plus répandue. Si près de 40% des femmes en âge de procréer l'utilisent, le pic d'utilisation se situe entre 20 et 24 ans, autour de 58%, puis se réduit avec l'âge (figure 8). Cette réduction est liée à deux facteurs essentiels: le désir de grossesse et l'utilisation croissante du stérilet.
En 1994, la contraception orale était utilisée par 4,3 millions de femmes et par plus de 4,5millions en 1997 (figure 9). Ce chiffre semble cependant atteindre un plateau et ne devrait que peu évoluer dans les prochaines années.
Figure 9
|
Durant les années soixante-dix, l'appartenance à une classe sociale semblait conditionner l'utilisation de la contraception orale. Ainsi, les jeunes d'origine modeste utilisaient moins souvent les moyens contraceptifs, et en particulier la pilule, et avaient plus souvent recours à l'IVG. Plus récemment, les différences liées à la catégorie socioprofessionnelle ou au niveau d'études n'étaient plus observées [49].
En France, plus de 15% des femmes en âge de procréer utilisent un DIU. Avant la ménopause, une femme sur deux aura utilisé un DIU au moins une fois. Contrairement à certaines pratiques anglo-saxonnes, le DIU n'est pas une contraception de première intention chez les nullipares. C'est la raison pour laquelle il est très peu utilisé avant 30 ans, son pic d'utilisation étant entre 35 et 39 ans autour de 27% (tableau 6 et figure 8).
Avec les maternités successives et l'âge, les femmes optent souvent pour un DIU. Ce moyen contraceptif relaie la pilule après les grossesses. Son taux d'utilisation est progressivement croissant et vers 40 ans il dépasse celui de la contraception orale (figure 8). Les femmes sont fidèles à cette contraception et la durée d'utilisation moyenne de quinze ans dépasse celle de la pilule.
La stagnation apparente de l'utilisation du DIU telle qu'elle est montrée dans la figure 10 (extrapolée des volumes de vente) pourrait être due au fait que les femmes gardent plus longtemps leur stérilet et qu'il y aurait, en cumulant le nombre des années, davantage de femmes qui utilisent cette méthode de contraception. En effet, aujourd'hui la majorité des DIU disponibles s'utilisent pendant cinq ans contre trois ans précédemment. De plus l'arrivée récente sur le marché d'un DIU délivrant du lévonorgestrel, un progestatif de synthèse, a quelque peu modifié l'utilisation du stérilet. En effet, ce DIU peut être utilisé chez les femmes tolérant mal le stérilet du fait de métrorragies.
Figure 10
|
Curieusement, il subsiste des différences sociales dans l'utilisation du stérilet. Il est moins utilisé dans les milieux ouvriers ou agricoles, par les femmes peu diplômées et par certaines femmes pratiquant une religion du fait de son effet antigestationnel.
La version sur papier de
cet ouvrage a été réalisée par : Editorial Assistance - 18, rue Camille-Desmoulins - 92300 Levallois-Perret - Tél. : 01 41 34 02 60 © 2000, Jean Cohen, Patrick Madelenat, Rachel Levy-Toledano - ISBN 2-86911-958-5 Diffusion : Eska - 12, rue du 4-septembre - 75002 Paris - Tél. : 01 42 86 56 00 - Fax : 01 42 60 45 35 Diffusion sur l'internet : CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) (30 mai 2000) |