GYNÉCOLOGIE ET SANTÉ DES FEMMES
 
LA DEMANDE DE SOINS - IVG

Interruption volontaire de grossesse (IVG)

L'ESSENTIEL

* Actuellement, le nombre d'IVG pratiquées en France est d'environ 220 000 par an, parmi lesquelles entre 156 000 et 172 000 sont déclarées. Depuis que la pratique est légale en France, le nombre d'IVG pratiquées annuellement a diminué et la part des interventions déclarées s'est accrue.

* L'âge des femmes qui ont recours à l'IVG s'est déplacé des 25-29 ans vers les 20-24 ans depuis 1991. Les IVG pratiquées chez les jeunes filles demeurent un problème important puisque, en 1999, on compte trois IVG pour cinq grossesses d'adolescentes. Dans 75 % des cas, les femmes ont recours pour la première fois à l'IVG.

* Les IVG déclarées sont pratiquées à 65% dans des établissements publics, où elles sont réalisées à un stade un peu plus tardif que dans le public (âge gestationnel en semaines d'aménorrhée).

* L'âge gestationnel ainsi que la technique d'intervention sont des facteurs influençant la survenue de complications post-IVG. Plus l'IVG est tardive, plus les risques de complications augmentent. Les techniques d'aspiration peuvent également entraîner des complications.

* L'utilisation de la mifépristone en France explique les demandes d'IVG précoces plus importantes que dans d'autres pays. Cependant, on estime à 5 000 le nombre de Françaises qui ont recours à une IVG pratiquée à l'étranger au-delà des 12 semaines d'aménorrhée, limite légale en France.

La France se trouve dans une situation paradoxale où le nombre de femmes sous contraceptif est parmi les plus élevés des pays d'Europe et du monde mais où subsiste un taux d'IVG relativement stable et important (même s'il est moins élevé qu'en 1975): environ 220000 IVG pour 730000 naissances par an.

Évolution du nombre d'IVG pratiquées en France

Depuis 1976, le nombre d'IVG a diminué et la part des interventions déclarées s'est accrue (figure 29) [59].

fig 29
Figure 29
Évolution du nombre d'IVG pratiquées
En dépit d'un taux de contraception élevé, on dénombrait 220 000 IVG en 1994.

 

Par le rapprochement des bulletins d'IVG (IVG déclarées) et des statistiques d'activité hospitalière (qui permettent de quantifier la sous-déclaration d'IVG), il est possible d'évaluer le nombre total d'IVG pratiquées. Ainsi en 1994, on dénombrait entre 220 000 et 230 000 dont 156 000 à 172 000 ont été déclarées.

Les IVG représentent 23% des grossesses [29].

À l'horizon 2020, il est probable que le nombre d'IVG pratiquées annuellement poursuivra sa tendance à la baisse, étant donné la mise à disposition et la diffusion facilitée de la pilule du lendemain. Les IVG pratiquées devraient vraisemblablement être plus souvent déclarées car le suivi médical de cet acte est plus accessible.

En Allemagne, le nombre d'IVG déclarées est de 131 500 en 1999, pour un total de près d'un million de grossesses: ce chiffre est en baisse depuis 1990 (où il était de 145900) et représente environ 13% des grossesses. On estime à 130 000 le nombre d'IVG à l'horizon 2010.

Aux Pays-Bas, le nombre d'IVG déclarées était de 22 413 en 1997: ce chiffre est en augmentation depuis 1990 (où il était de 10 304). Pour 2010, 22 000 IVG annuelles sont attendues. En 1997, les IVG représentaient environ 11% des grossesses (autour de 190 000 par an). Cependant, il faut considérer ces chiffres avec précaution dans la mesure où des femmes étrangères se rendent dans ce pays pour subir une IVG puisque la législation néerlandaise autorise leur réalisation au-delà des 12 s.a., limite légale en France.

Cette pratique, bien que difficile à quantifier, concernerait environ 5 000 Françaises, qui se rendraient tous les ans à l'étranger pour ce motif [59].

Dans ces deux pays, les IVG sont moins pratiquées (ou moins documentées) qu'en France, où en 1998, on estimait à 220 000 le nombre d'IVG pour 950 000 grossesses soit environ 23% d'entre elles.

Âge des femmes qui ont recours à l'IVG en France

Chaque femme connaît dans sa vie, en moyenne une grossesse accidentelle. Une fois sur deux, elle décide de l'interrompre [59].

Chez les adolescentes, le nombre de grossesses non désirées et d'IVG reste élevé: d'après le rapport Uzan, près de 10000 grossesses sont non désirées, plus d'une sur deux entraînant une IVG [56].

En 1999, on compte trois IVG pour cinq grossesses d'adolescentes [53].

Chez les jeunes femmes de moins de 18 ans, les grossesses sont le plus souvent interrompues. Seul un faible nombre d'entre elles accouchent, ce nombre étant d'ailleurs en constante diminution depuis quinze ans (figure 30) [59].

fig 30
Figure 30
Nombre d'IVG et d'accouchements chez les mineures. Évolution 1985-1995
Chez les mineures, plus de 2 grossesses sur 3 se terminent par une IVG.

 

En ce qui concerne les grossesses tardives, on estimait en 1989 que 82% des grossesses après 40 ans se terminaient par une IVG [30]. Actuellement, cette proportion est certainement inférieure, compte tenu d'une meilleure prise en charge liée aux précautions particulières relatives à l'augmentation de l'âge de la grossesse.

La répartition des femmes qui ont recours à l'IVG par tranches d'âge a peu varié entre 1991 et 1995 (tableau 16).

tab 16
Tableau 16
Répartition par âge des femmes ayant recours à l'IVG en 1995
10 % des IVG concernent des femmes de moins de 20 ans. (Source: DREES)

 

La répartition par tranches d'âge du taux d'IVG pour 100 conceptions a évolué entre 1980 et 1989 (figure 31). Ce taux a augmenté chez les femmes les plus jeunes, tandis qu'au-delà de 40 ans, il a considérablement baissé [59].

fig 31
Figure 31
Taux d'IVG pour 100 conceptions
Le taux d'IVG a augmenté chez les femmes les plus jeunes, tandis qu'au-delà de 40 ans, ce taux a considérablement baissé.

 

Qui sont les femmes qui ont recours à l'IVG?

Entre 1991 et 1995, on a observé une modification des caractéristiques des femmes ayant recours à l'IVG (les proportions de femmes sont données en%) (figures 32 à 34) [29].

L'âge des femmes qui ont recours à l'IVG s'est déplacé de la tranche des 25-29 ans vers les 20-24 ans entre 1991 et 1995 (figure 32).

fig 32
Figure 32
Âge des femmes qui ont recours à l'IVG (en %)
L'âge des femmes qui ont recours à l'IVG s'est déplacé de la tranche des 25-29 ans vers les 20-24 ans entre 1991 et 1995.

 

Près de la moitié d'entre elles vivent en couple, et sont en activité (figures 33 et 34). La proportion de jeunes femmes en cours d'études a augmenté, en passant de 19,8% à 23%.

fig 33
Figure 33
Situation matrimoniale des femmes ayant recours à l'IVG
Elle concerne plus souvent des femmes célibataires.

 

fig 34
Figure 34
Situation professionnelle des femmes ayant recours à l'IVG
Elle a peu évolué entre 1991 et 1995.

 

Dans la majorité des cas (56,5%), les femmes ont eu un enfant avant leur IVG. Elles ont recours à cet acte pour la première fois pour les trois quarts d'entre elles. Pour 25% d'entre elles au moins une IVG antérieure avait déjà été pratiquée (une seule IVG : 18,1%, deux IVG ou plus : 5,2%).

Caractéristiques des IVG

Entre 1995 et 1996, la progression du nombre des IVG déclarées a été de 4,4% en moyenne, dans les deux secteurs, public et privé (tableau 17).

tab 17
Tableau 17
Nombre d'IVG déclarées en 1996
Deux tiers des IVG déclarées sont réalisées dans des hôpitaux publics.
(Source: ministère de l'Emploi et de la Solidarité SESI)

 

En 1995, environ 7 IVG déclarées sur 10 (sur un total de 156 000) ont été pratiquées dans le secteur public. Dans le privé, elles ont eu lieu à un stade un peu plus précoce: 25% avant 7s.a. pour 17% dans le public (tableau 18). La mifépristone a été utilisée près de deux fois plus souvent dans le secteur public surtout dans les cas d'IVG précoces: 59% des IVG avec mifépristone sont pratiquées dans le public pour 40% dans le privé [29]. La part des IVG précoces, c'est-à-dire avant 6 semaines, s'accroît avec l'âge [29]. La possibilité du recours à la technique médicamenteuse utilisant la mifépristone explique la demande d'IVG précoce des femmes françaises, plus nombreuses que dans d'autres pays européens.

tab 18
Tableau 18
Caractéristiques de l'intervention (IVG déclarées) selon le statut de l'établissement en 1995
Les IVG réalisées dans le secteur public sont plus précoces. La mifépristone y est plus souvent utilisée.
(Source: DREES, 1999)

 

En 1998, un total de 857 établissements pratiquaient des IVG en France, et parmi eux, 52% appartenaient au secteur public [56].

Complications des IVG

Les complications des IVG sont étroitement liées au terme auquel l'intervention est pratiquée.

Avant 12 semaines d'aménorrhée, 5,2% des IVG entraînent des complications, dont 0,6% sont majeures. Au-delà de 13 semaines, la proportion d'IVG à l'origine de complications augmente: 22,2% dont 2,2% de complications majeures. Ainsi, d'après ces chiffres, on peut prévoir qu'un allongement du délai précédant l'IVG s'accompagnerait d'un nombre plus important de complications.

Les complications des IVG dépendent aussi de la technique utilisée. Ainsi, 4,2% des IVG par aspiration pratiquées avant 12 s.a. se compliquent, dont 0,4% de manière importante (complications majeures) [4].


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© 2000, Jean Cohen, Patrick Madelenat, Rachel Levy-Toledano - ISBN 2-86911-958-5
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Diffusion sur l'internet : CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) (30 mai 2000)