GYNÉCOLOGIE ET SANTÉ DES FEMMES
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LA DEMANDE DE SOINS - IVG
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L'ESSENTIEL
* Actuellement, le nombre d'IVG pratiquées en France est d'environ
220 000 par an, parmi lesquelles entre 156 000 et 172 000 sont
déclarées. Depuis que la pratique est légale en France,
le nombre d'IVG pratiquées annuellement a diminué et la part
des interventions déclarées s'est accrue.
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La France se trouve dans une situation paradoxale où le nombre de femmes sous contraceptif est parmi les plus élevés des pays d'Europe et du monde mais où subsiste un taux d'IVG relativement stable et important (même s'il est moins élevé qu'en 1975): environ 220000 IVG pour 730000 naissances par an.
Depuis 1976, le nombre d'IVG a diminué et la part des interventions déclarées s'est accrue (figure 29) [59].
Figure 29
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Par le rapprochement des bulletins d'IVG (IVG déclarées) et des statistiques d'activité hospitalière (qui permettent de quantifier la sous-déclaration d'IVG), il est possible d'évaluer le nombre total d'IVG pratiquées. Ainsi en 1994, on dénombrait entre 220 000 et 230 000 dont 156 000 à 172 000 ont été déclarées.
Les IVG représentent 23% des grossesses [29].
À l'horizon 2020, il est probable que le nombre d'IVG pratiquées annuellement poursuivra sa tendance à la baisse, étant donné la mise à disposition et la diffusion facilitée de la pilule du lendemain. Les IVG pratiquées devraient vraisemblablement être plus souvent déclarées car le suivi médical de cet acte est plus accessible.
En Allemagne, le nombre d'IVG déclarées est de 131 500 en 1999, pour un total de près d'un million de grossesses: ce chiffre est en baisse depuis 1990 (où il était de 145900) et représente environ 13% des grossesses. On estime à 130 000 le nombre d'IVG à l'horizon 2010.
Aux Pays-Bas, le nombre d'IVG déclarées était de 22 413 en 1997: ce chiffre est en augmentation depuis 1990 (où il était de 10 304). Pour 2010, 22 000 IVG annuelles sont attendues. En 1997, les IVG représentaient environ 11% des grossesses (autour de 190 000 par an). Cependant, il faut considérer ces chiffres avec précaution dans la mesure où des femmes étrangères se rendent dans ce pays pour subir une IVG puisque la législation néerlandaise autorise leur réalisation au-delà des 12 s.a., limite légale en France.
Cette pratique, bien que difficile à quantifier, concernerait environ 5 000 Françaises, qui se rendraient tous les ans à l'étranger pour ce motif [59].
Dans ces deux pays, les IVG sont moins pratiquées (ou moins documentées) qu'en France, où en 1998, on estimait à 220 000 le nombre d'IVG pour 950 000 grossesses soit environ 23% d'entre elles.
Chaque femme connaît dans sa vie, en moyenne une grossesse accidentelle. Une fois sur deux, elle décide de l'interrompre [59].
Chez les adolescentes, le nombre de grossesses non désirées et d'IVG reste élevé: d'après le rapport Uzan, près de 10000 grossesses sont non désirées, plus d'une sur deux entraînant une IVG [56].
En 1999, on compte trois IVG pour cinq grossesses d'adolescentes [53].
Chez les jeunes femmes de moins de 18 ans, les grossesses sont le plus souvent interrompues. Seul un faible nombre d'entre elles accouchent, ce nombre étant d'ailleurs en constante diminution depuis quinze ans (figure 30) [59].
Figure 30
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En ce qui concerne les grossesses tardives, on estimait en 1989 que 82% des grossesses après 40 ans se terminaient par une IVG [30]. Actuellement, cette proportion est certainement inférieure, compte tenu d'une meilleure prise en charge liée aux précautions particulières relatives à l'augmentation de l'âge de la grossesse.
La répartition des femmes qui ont recours à l'IVG par tranches d'âge a peu varié entre 1991 et 1995 (tableau 16).
Tableau 16
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La répartition par tranches d'âge du taux d'IVG pour 100 conceptions a évolué entre 1980 et 1989 (figure 31). Ce taux a augmenté chez les femmes les plus jeunes, tandis qu'au-delà de 40 ans, il a considérablement baissé [59].
Figure 31
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Entre 1991 et 1995, on a observé une modification des caractéristiques des femmes ayant recours à l'IVG (les proportions de femmes sont données en%) (figures 32 à 34) [29].
L'âge des femmes qui ont recours à l'IVG s'est déplacé de la tranche des 25-29 ans vers les 20-24 ans entre 1991 et 1995 (figure 32).
Figure 32
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Près de la moitié d'entre elles vivent en couple, et sont en activité (figures 33 et 34). La proportion de jeunes femmes en cours d'études a augmenté, en passant de 19,8% à 23%.
Figure 33
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Figure 34
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Dans la majorité des cas (56,5%), les femmes ont eu un enfant avant leur IVG. Elles ont recours à cet acte pour la première fois pour les trois quarts d'entre elles. Pour 25% d'entre elles au moins une IVG antérieure avait déjà été pratiquée (une seule IVG : 18,1%, deux IVG ou plus : 5,2%).
Entre 1995 et 1996, la progression du nombre des IVG déclarées a été de 4,4% en moyenne, dans les deux secteurs, public et privé (tableau 17).
Tableau 17
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En 1995, environ 7 IVG déclarées sur 10 (sur un total de 156 000) ont été pratiquées dans le secteur public. Dans le privé, elles ont eu lieu à un stade un peu plus précoce: 25% avant 7s.a. pour 17% dans le public (tableau 18). La mifépristone a été utilisée près de deux fois plus souvent dans le secteur public surtout dans les cas d'IVG précoces: 59% des IVG avec mifépristone sont pratiquées dans le public pour 40% dans le privé [29]. La part des IVG précoces, c'est-à-dire avant 6 semaines, s'accroît avec l'âge [29]. La possibilité du recours à la technique médicamenteuse utilisant la mifépristone explique la demande d'IVG précoce des femmes françaises, plus nombreuses que dans d'autres pays européens.
Tableau 18
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En 1998, un total de 857 établissements pratiquaient des IVG en France, et parmi eux, 52% appartenaient au secteur public [56].
Les complications des IVG sont étroitement liées au terme auquel l'intervention est pratiquée.
Avant 12 semaines d'aménorrhée, 5,2% des IVG entraînent des complications, dont 0,6% sont majeures. Au-delà de 13 semaines, la proportion d'IVG à l'origine de complications augmente: 22,2% dont 2,2% de complications majeures. Ainsi, d'après ces chiffres, on peut prévoir qu'un allongement du délai précédant l'IVG s'accompagnerait d'un nombre plus important de complications.
Les complications des IVG dépendent aussi de la technique utilisée. Ainsi, 4,2% des IVG par aspiration pratiquées avant 12 s.a. se compliquent, dont 0,4% de manière importante (complications majeures) [4].
La version sur papier de
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