GYNÉCOLOGIE ET SANTÉ DES FEMMES
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LA DEMANDE DE SOINS - MÉNOPAUSE 1
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L'ESSENTIEL* Les enquêtes les plus récentes montrent qu'environ 54% des femmes âgées de 48 à 52 ans et 38% des femmes de 60 à 64 ans déclarent suivre un THS. Elles sont donc beaucoup plus nombreuses que les 16% estimées jusqu'à présent. En moyenne, elles poursuivent leur traitement pendant trois ans.* En ville, c'est le médecin généraliste que les femmes consultent le plus en période de ménopause. Toutefois ceci est à pondérer par le fait que de nombreuses femmes de tranche d'âge élevée consultent mais ne suivent pas de THS. C'est le gynécologue qui est le premier prescripteur de THS et ce sont les spécialités oestro-progestatives (combinaisons fixes) qui sont les plus prescrites.* À l'avenir, la proportion de femmes suivant un THS pourrait augmenter grâce à une meilleure diffusion de l'information concernant les effets indésirables et la mise sur le marché de spécialités dont l'administration serait simplifiée. |
La ménopause concerne près de 10 millions de femmes de plus
de 50 ans en France.
Chaque année, 500000 Françaises viennent se rajouter à
ce groupe.
L'espérance de vie d'une femme de 50 ans étant d'environ trente
ans, la ménopause représente donc un tiers de la vie des femmes
[58].
La prise en charge de plus en plus fréquente de la ménopause à l'aide d'un traitement hormonal substitutif (THS) permet de prévenir ou de diminuer les risques consécutifs à l'arrêt de l'imprégnation hormonale de nombreux tissus.
D'après une enquête SOFRES de 1998, réalisée pour Solvay Pharma, avec la participation du DrH.Rozenbaum (AFEM), 54% des femmes de 48 à 52 ans et 38% des femmes de 60à64ans déclarent prendre un THS.
Cette enquête a été réalisée par questionnaire postal envoyé à deux groupes de femmes de 48à52ans (n=669) et de 60 à 64 ans (n = 755), entre juillet et septembre 1998.
Le gynécologue est le principal prescripteur de THS: à 82%
pour les femmes de 48-52 ans et à 72% pour les 60-64 ans.
La forme comprimé est utilisée chez les femmes de 48 à
52 ans dans 65% des cas, tandis que chez les 60-64 ans, elle n'est utilisée
que dans 47% des cas [5].
Cette enquête conclut que les femmes qui utilisent un THS sont plus nombreuses que ce qui est généralement annoncé [1].
Plus récemment, l'enquête transversale Mathis réalisée en juin 1999 pour Lipha-Santé [45] a permis de questionner 2937 femmes âgées de 40 à 70 ans, suivies par 572 gynécologues. 65,5% de la population suivie avaient entre 40 et 55 ans. D'après les résultats de cette enquête: l'âge moyen de la survenue de la ménopause naturelle est 50,1 ans pour l'ensemble des femmes ménopausées suivies, c'est-à-dire 54,8% de la population de l'étude ; 73,3% des femmes suivies par un gynécologue bénéficient d'un THS et 11,3% prennent un oestrogène seul.
Depuis plusieurs années, il était estimé que seulement
16% de l'ensemble des femmes ménopausées étaient
traitées (soit, d'après IMS pour 1999: 1 600 000 femmes).
Toutefois, ce pourcentage est tiré vers le bas par les femmes de tranches
d'âge plus élevées qui suivent rarement un THS. En effet,
tandis qu'une femme sur trois entre 50 et 64 ans suit un THS, seule une
très faible proportion des femmes de plus 65 ans (3%) est traitée
[3,7,74].
Par manque d'informations, seulement une femme sur dix réclame un
THS à son médecin [27].
En 1995, la durée moyenne de suivi du THS chez les femmes traitées par leur médecin généraliste s'établissait à 3,4 ans [47], ce qui est confirmé par les résultats de l'enquête SOFRES de 1998 qui estiment à 3 ans la durée moyenne de traitement (lamédiane étant de 1,9 an).
L'observance du traitement reste problématique: plus d'une femme sur
deux sous THS l'arrête avant la fin de la première année.
Les effets secondaires (prise de poids, métrorragies et douleurs
mammaires) sont la principale cause des arrêts des THS. La lassitude
intervient également puisque 21% des femmes ménopausées
ont suivi le traitement un temps puis l'ont arrêté [7].
C'est le taux de THS à cinq ans qui est généralement
mesuré: chez les femmes ayant arrêté leur traitement,
11,4% l'ont pris pendant une moyenne de 2,4ans, tandis que, chez celles qui
sont en cours de traitement, 18,5% le suivent depuis plus de cinq ans [47].
D'après les conclusions de l'enquête SOFRES de 1998, l'observance du THS dans la tranche d'âge 60-64ans est meilleure: ces femmes le suivent depuis neuf ans en moyenne.
Plusieurs raisons laissent présager qu'avec le temps l'observance du THS pourrait augmenter: d'une part, avec la diffusion plus large des informations relatives aux effets secondaires et d'autre part, par la simplification des voies d'administration des traitements.
Durant une année (mai 1998-mai 1999), la base EPPM a enregistré 5 363 000 consultations en médecine de ville, dont 7% sans prescription médicamenteuse.
C'est le médecin généraliste qui a été le plus consulté par ces femmes (figure 35), même si le gynécologue est tout de même consulté par 46% d'entre elles.
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Figure 35
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Dans 14,9% des cas, il s'agissait de premières visites (médecin consulté pour la première fois dans cette indication) et dans 85,1%, de visites de suivi (médecin déjà consulté dans cette indication).
Près des trois quarts des prescriptions effectuées étaient des renouvellements de traitement (figure 36).
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Figure 36
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Ces chiffres sont à pondérer par le fait que le médecin généraliste prescrit très peu de THS en pratique. Les prescriptions médicamenteuses considérées ici ne sont donc pas forcément hormonales, en particulier celles établies par les médecins généralistes. Ceci est d'autant plus vrai que les femmes des tranches d'âge les plus élevées sont à l'origine de nombreuses prescriptions, autres que les THS.
Les femmes suivies avaient entre 40 et 54 ans pour la moitié d'entre elles (figure37). Avec l'âge, les femmes consultent de moins en moins leur médecin pour le suivi de leur ménopause.
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Figure 37
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La base EPPM analyse les motifs des consultations selon une codification
qui lui est propre. Pour la ménopause, les items étaient
distribués comme suit:
troubles de la ménopause et du climatère féminin:
94% des cas,
troubles en cours de ménopause artificielle: 9,7%,
troubles de la ménopause et de la périménopause
sans précision: 3,9%,
autres troubles précisés de la ménopause et de
la périménopause: 1,2%,
saignements postménopausiques: 0,8%,
vaginite atrophique postménopausique: 0,1%.
Les prescriptions de médicaments effectuées se répartissent
comme suit:
supplémentation vitaminique: 4,9%,
traitements trophiques locaux (gels): 4,9%,
progestatifs: 83,81%,
oestrogènes: 50,66%,
combinaisons oestro-progestatives: 16,54%.
La tendance est à la prescription d'associations oestro-progestatives
fixes, plus simples d'utilisation.
En France, les progestatifs sont souvent prescrits en période de périménopause à des fins contraceptives. Ainsi, la proportion de progestatifs mentionnée ci-dessus est à subdiviser en fonction de l'objectif voulu: THS ou contraception. Il est estimé qu'environ 25% des progestatifs sont utilisés dans un but contraceptif en périménopause.
D'après IMS, alors qu'en 1997 1 370 000 femmes ont été
traitées (ventes totales d'oestrogènes divisées par
13 cycles), elles furent 1 600 000 en 1999. Ce chiffre correspond à
une proportion de 16% des femmes ménopausées sous THS. Cependant,
il faut considérer ces chiffres avec précaution dans la mesure
où ils englobent à la fois les ventes de médicaments
pour initiation de traitement et pour renouvellement.
Par ailleurs, les oestrogènes prescrits par voie orale pour THS couvrent
une durée de traitement de 6 mois, ce qui signifie que la fréquence
des consultations médicales est au minimum de deux par an.
Les prescriptions de THS émanant de gynécologues représentaient 73% de l'ensemble des ordonnances collectées (figure 38).
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Figure 38
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Dans 36% des prescriptions de THS, un oestrogène est associé à un progestatif pour une période de 28jours (traitement continu).
La répartition par tranches d'âge des femmes traitées montre que plus de la moitié d'entre elles sont âgées entre 53 et 62 ans (figure 39).
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Figure 39
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Ces informations, issues d'enquêtes ou de panels, permettent de conclure
que les femmes en période de ménopause sont en majorité
suivies par leur médecin généraliste, mais que le
gynécologue est le premier prescripteur de THS.
D'autres spécialistes prescrivent des THS: il s'agit essentiellement
des endocrinologues et des cardiologues. Cependant, d'après IMS, seule
une faible proportion de ces praticiens les prescrivent
régulièrement.
En Allemagne, 34% des femmes âgées de 50 à 69 ans prenaient un THS en 1999, soit 6% de plus qu'en 1990. Le THS est initié en moyenne vers 51 ans et suivi pendant une durée d'environ deux ans. Le traitement hormonal substitutif n'est pas bien pris en charge par le système de santé allemand. La ménopause n'étant pas considérée comme une maladie par les agents financeurs, la plupart des traitements hormonaux sont à la charge de la patiente. Seuls les gynécologues très convaincants obtiennent de la "plupart" de leurs patientes un suivi de la thérapie substitutive de six à sept ans, c'est-à-dire bien supérieur à la moyenne généralement retenue de deux ans.
Aux Pays-Bas, seules 12% des femmes âgées de 45 à 74 ans suivaient un THS en 1999. Cette proportion a très peu évolué depuis 1990, où elle était de 10%. Le THS est en moyenne mis en place vers 48 ans pour une durée moyenne de 6 mois. Le traitement hormonal substitutif n'apparaît pas pour les gynécologues néerlandais comme une priorité. Comme l'explique le PrMerkus, chef du département de gynécologie obstétrique de l'hôpital universitaire St-Radboud à Nimègue, les opinions sur ce sujet sont "fluctuantes".
Le THS est encore aujourd'hui prescrit par le médecin généraliste et il faut prendre en compte que la moitié des femmes de 50 ans ont eu une hystérectomie. La durée moyenne du THS est de six mois environ. D'ici 2010, elle pourrait être augmentée à deux ans.
Cependant, comme pour la France, ces chiffres sont à considérer avec précaution compte tenu de la difficulté d'obtenir des données précises reflétant la réalité.
Aujourd'hui la durée moyenne d'utilisation du THS est insuffisante
pour assurer une prévention efficace de l'ostéoporose.
L'amélioration de l'observance pourrait être obtenue par une
meilleure information des effets indésirables du THS, et par le
développement de protocoles d'administration plus simples.
Les craintes actuelles des patientes vis-à-vis des risques de cancers
du sein liés à la prise d'un THS ne seront plus fondées
si de nouveaux traitements sans oestrogène sont mis à disposition.
* L'innovation thérapeutique portera sur les molécules, la
voie d'administration, les associations et les protocoles de THS :
les androgènes, comme le DHEA et le sulfate de DHEA, qui sont
en cours d'expérimentation aux États-Unis,
un protocole thérapeutique séquentiel trimestriel "avec
règles" espacées tous les 3 mois qui représentera un
compromis entre les protocoles séquentiels "avec règles" parfois
mal acceptés et les protocoles "sans règles" difficiles à
instaurer,
des oestrogènes administrés par voie nasale seront
disponibles en 2000 en France,
des oestrogènes conjugués par voie orale (déjà
utilisés aux États-Unis),
des progestatifs : préparation vaginale pour 14 jours (existe
aux États-Unis),
un patch combiné (noréthindrone + oestradiol) (existe
aux États-Unis),
les SERM (Selectiv Estrogen Receptor Modulator) de deuxièmeou
troisième génération déjà commercialisés
en Grande-Bretagne depuis plusieurs mois, ont une action préventive
(os et seins) mais augmentent la fréquence et l'intensité des
bouffées de chaleur et les risques thrombo-emboliques,
les stéroïdes à spécificité tissulaire
d'action dont les métabolites agissent de façon
différentielle en fonction de l'équipement enzymatique du tissu
cible. Ils corrigent les symptômes climatériques, améliorent
la libido et préviennent la perte de masse osseuse.
La version sur papier de
cet ouvrage a été réalisée par : Editorial Assistance - 18, rue Camille-Desmoulins - 92300 Levallois-Perret - Tél. : 01 41 34 02 60 © 2000, Jean Cohen, Patrick Madelenat, Rachel Levy-Toledano - ISBN 2-86911-958-5 Diffusion : Eska - 12, rue du 4-septembre - 75002 Paris - Tél. : 01 42 86 56 00 - Fax : 01 42 60 45 35 Diffusion sur l'internet : CNGOF (Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français) (30 mai 2000) |